Depuis la répression organisée par le président Daniel Ortega contre les églises chrétiennes au Nicaragua et plus généralement, contre toute forme de liberté religieuse, certains s’organisent pour célébrer le culte en cachette dans les maisons des fidèles.
À 63 ans, le diacre Francisco Alvicio a été obligé de se réfugier au Costa Rica pour continuer à célébrer son culte. Il a été contraint à fuir le Nicaragua, où les menaces exercées par le gouvernement devenaient trop fortes, rapporte un article d’Associated Press.
Pourtant, l'Église morave, à laquelle appartenait le diacre, s'est établie au Nicaragua en 1894. Pendant plus de cent ans, ces évangéliques pouvaient vivre leur vie et disposaient de la liberté de célébrer.
Or, en quelques années, le gouvernement a réduit cette liberté. D’abord en imposant une nouvelle taxe. Puis en exigeant un changement de logo, refusé par les membres de l’Église.
"Nous ne pouvons pas changer quelque chose simplement parce que le gouvernement le veut. Le seul chemin que nous suivons est celui de Dieu", justifie alors Francisco Alvicio.
Face à cette fronde, les pressions se sont faites plus physiques. Des hommes habillés en noir venaient rôder autour de son église.
La peur se répandant dans la communauté, des mesures sont prises : certains chrétiens mettaient à disposition leurs maisons transformées pour l’occasion en églises de fortune. En changeant de lieu chaque jour, en baissant la voix et en se réunissant dès 4 heures du matin pour éviter d'être repérés, ils ont continué à prier.
Finalement, en août 2024, aux côtés de plus de 1 600 organisations non gouvernementales, l’Église morave a été fermée par le gouvernement. Elle comptait environ 350 000 membres dans le pays.
Toutefois, Alvicio a gardé sa foi. Son église a peut-être disparu mais il aspire encore à retourner dans son pays. "Nous, les Moraves, croyons que, où que nous soyons, nous pouvons prier Dieu", explique-t-il.
"Je peux donc marcher, parler et penser en portant ce pouvoir, en sachant que, même si je suis seul, il sera avec moi."
Jean-Benoît Harel